Jared Leto - Los Angeles Confidential Magazine - 2014

Ma traduction (après 2ans de LEA, ça vaut ce que ça vaut...)

Citation :

Jared Leto, cheveux longs, barbe irsute, est assis dans l'entrée du Bowery Hotel à Lower Manhattan dans une chaise si ornée qu'on la décrirait plutôt comme un trône.


Deux têtes de lion – au dessus, d'élaborées arabesques gravées dans l'acajou pirouettent dans tous les sens, des coussins tapissés à leur sommet – au dessous des accoudoirs sur lesquelles reposent ses mains délicates.

Il inspecte la pièce faiblement éclairée : taille basse, canapés recouverts d'un somptueux velour bordeaux et émeraude, assortis de tapis orientaux, de basses poutres en bois, de cloisons en cuir, de bûches crépitant dans une énorme cheminée en pierre et, droit devant lui, Deepak Chopra.


"Vous avez vu ça" dit l'homme de 42 ans dans un murmure étouffé. "Deepak Chopra". Son excitation face à la présence du guru holistique est aussi visible sur son visage, qu'audible dans sa voix. "Attendez, c'est hilarant. Je vais le dire à mes potes." Il envoie un message à la va vite. Dans cet hôtel - un endroit où les célébrités semblent autant adorer donner des interviews qu'y dormir – On dirait que Jared est le seul focalisé sur Chopra : tous les autres sont plutôt intéressés par lui.


Ca se passe une semaine avant qu'il ne gagne le Golden Globe pour sa stupéfiante performance en tant que transexuel atteint du Sida et accroc aux drogues dans Dallas Buyers Club. Même si les subtils coups de coude et les regards volés et - d'une manière particulièrement osée - sa demande pour s'asseoir sur le divan à côté de lui, ne sont pas une surprise. Mais ce genre d'attention est nouveau, même pour Jared. Ce qui en dit long sur l'homme qui, en tant que chanteur et leader des colosses des stades Thirty Seconds to Mars, a vendu 10 millions d'albums, détient le record mondial de la plus longue tournée sans interruption, a joué récemment devant 150 000 personnes au Brésil, et qu'une entière génération ne pourra jamais oublier, a été Jordan Catalano dans la série culte Angela 15 ans, Jared est tellement sexy en fait, que même Liza Minnelli en veut un morceau.


"Il y a eu un déjeuné aujourd'hui pour le film, et c'est Liza Minelli qui l'a organisé. Vous savez ce qu'elle m'a dit ?" déclare Jared, décroisant ses jambes et plantant ses pieds, chaussés de chaussures d'escalade moulantes, droit dans le sol. "Je n'ai jamais ressenti ça depuis que j'ai vu On the Waterfront". Elle s'est mise debout devant tout le monde et a déclaré "Jared quand j'ai vu ta performance j'ai ressenti la même chose que quand je vois un ami qui traverse la période la plus difficile de sa vie. J'ai eu l'impression que je te connaissais et que je tenais à toi comme je le ferais pour un ami proche." Son orgueil ici, n'est pas teinté d'arrogance. "Si je peux soutenir le film, alors je suis heureuse de le faire. La perspective et la gratitude ont beaucoup à voir avec ça : je ne fais pas beaucoup de films. Je ne sais pas quand sera la prochaine fois que j'en ferai un ou que je serai dans un tel processus. Les gens ont été plutôt affectueux, gentils et nous ont soutenus. "
Certaines de ces personnes comme par exemple les membres de la Hollywood Foreign Press Association, la Screen Actor Guild-American Generation Federation of Television and Radio, l'Academy of Motion Picture Arts and Science ont aussi salué ce que Jared Leto a accompli.

Les récompenses qu'il a récoltées haut la main comprennent, en plus des Golden Globe, une victoire aux SAG et une nomination aux Oscars. S'il continue comme ça, Jared, qui vit seul à Los Angeles ("ce que j'aime par dessus tout c'est de me balader à vélo en Californie... je pourrais avoir le mal du pays rien qu'à cause de ça") va bientôt avoir besoin d'une plus grosse cheminée [note : pour y loger tous ses trophées].


"Je pense qu'il y a un certain nombre de raisons (pour expliquer le succès de Dallas Buyers Club) " Dit Jared après avoir renvoyé en cuisine son saumon pas assez cuit ("Je le veux bien sec, comme du carton, s'il vous plaît"). "La première est l'histoire. Les soins médicaux sont un problème majeur. Au centre, il y a un scénario classique : un petit groupe de gens est prêt à se battre pour leur vie et refusent de dire non. Nous rêvons tous d'être le genre de personne qui dit "Non, je vais trouver un moyen, je vais me battre pour survivre". L'autre raison est Matthew McConaughey. Les gens adorent le regarder, c'est un très grand acteur, et il fait un travail vraiment très intéressant. Et je pense que si le film a été assez bien pour qu'il le fasse, alors c'est que c'était un assez bon projet dans lequel m'investir, car je sais qu'il fait des choix très judicieux.


McConaughey et Leto nous livrent une performance extraordinaire dans Dallas Buyers Club, qui débute en 1985 et qui est basée sur l'histoire vraie de Ron Woodroof, un cow boy texan alcoolique notoire, a qui on diagnostique le virus du SIDA et qui commence a expérimenter de nouveaux traitements pas encore disponibles aux Etats-Unis. Woodroof met en place un trafic de drogue et fonde une club afin que d'autres aient accès aux substances non-approuvées. Pendant ce temps là, à l'hôpital, Woodroof (McConaughey) fait la rencontre de Rayon (Leto) qui devient son associé et dont l'état s'aggrave progressivement, causé, pour une large part, par son usage abusif de drogue.


Mais l'impact de ce péquenaud contradictoire, aurait été limité, voire perdu d'avance, s'il ne se battait pas pour Rayon, qui agit comme un miroir dans lequel Woodroof voit toutes ses erreurs de parcours et son horrible et inévitable future. Entre les mains de Jared, Rayon n'apparaît jamais comme ridicule, et même s'il apporte quelques moments comiques, c'est un humour tendre et perspicace livré avec le ton juste.


"Rayon aurait pu être joué d'une manière plus théâtrale, ce à quoi on s'attend de la part d'une drag queen." Déclare Jared. "Quelqu'un de très excessif, extraverti, misant tout sur son apparence. Mais j'ai pu rencontrer de jeunes transexuels pendant les tournées et j'ai appris sur eux en tant que réalisateur, en les interviewant. Ca a été l'origine de Rayon pour moi." Explique-t-il.


"Je me souviens avoir envoyé un e mail très clair dans lequel je disais que je voyais Rayon comme quelqu'un qui voulait vivre sa vie en tant que femme et pas comme une sorte de drag queen glam rock. Je n'étais pas intéressé par ce type de rôle, et si c'est ce qu'on m'avait demandé de faire, j'aurais dit "Non, merci".

Et il s'avère que Jared dit "Non merci" assez souvent. Dallas buyers Club est le 1er film majeur auquel il a participé depuis Chapitre 27 en 2007, dans lequel il a pris presque 30 kilos pour jouer Mark David Chapman reconnu coupable du meurtre de John Lennon. Cette fois Jared a perdu 13 kilos, (McConaughey 22kg), ne consommant qu'entre 300 et 400 calories par jour, et la maigreur de Rayon, son corps émacié, prête au personnage une tragédie d'une évidence criante à chaque apparition à l'écran de ses yeux enfoncés ou de son estomac creux.


"Perdre du poids change par exemple votre façon de marcher, de parler, de penser, de respirer, comment vous vous sentez et la façon dont les gens vous traitent." dit Jared qui a retrouvé un poids normal depuis et qui est actuellement en train de s'entraîner pour faire le Pacific Crest Trail [note : sentier de grande randonnée à l'Ouest des Etats-Unis, long de 4 240km] (tout le monde se demande quand va-t-il trouver le temps pour le faire). "Ca a donc un certain avantage. Tu te fixes une ligne où tu te dis "Okay, j'ai fait ça, je dois m'assurer de faire toutes les autres choses bien également."


Pour l'écart entre les deux films, ce n'était pas les offrent qui manquaient, mais alors que les scripts arrivaient, Jared était en plein procès avec EMI (qui s'est rendu célèbre pour avoir vainement poursuivi son groupe pour 30 millions de dollars), en train d'enregistrer, de tourner (il réalise tous les films de 30 Seconds to Mars sous le pseudonyme Bartholomew Cubbins), expérimentant de nouvelles technologies dans diverses entreprises hasardeuses, comprenant VyRT, Adventures in Wonderland, et The Hives, et soir après soir, jouant dans les plus grands stades du monde.


"En tant que groupe nous avons eu plus de succès que ce-dont nous aurions pu rêvé, mais à côté de ça je faisais d'autres choses, de l'art, explorant mon intérêt pour la technologie, ma vie a été bien remplie. Le plus important dans tout ça c'est que le temps passé à l'étranger m'a amélioré en tant qu'artiste. Ca m'a donné une vie plus pleine à partager. J'ai eu l'impression de tout recommencer." Dit-il en recoiffant ses cheveux en arrière et en retirant la peau de son saumon tout juste servi et parfaitement bien cuisiné.


"Je ne me suis jamais pressé. J'ai toujours voulu faire le travail le plus intéressant et stimulant, qui me rende fier, et contribuer à quelque chose de spécial et plein de sens. J'ai déjà vu le monde à de nombreuses reprises. Tu vis une vie. Mais c'est une longue course alors tu apprends à courir plus vite."


Une telle déclaration doit sembler quelque peu académique pour quelqu'un qui n'a jamais atteint un succès aussi global, sur tous les fronts, comme Jared l'a fait et qui – reconnaissons le – ressemblerait presque à Jésus. Il y a une véritable sagesse en Jared, qui a l'air d'avoir vraiment changé aussi bien sur le plan physique qu'émotionnel depuis la dernière fois que je l'ai interviewé, il y a de ça cinq ans. Ce n'est pas facile d'imaginer un homme avec une coiffure emo à piques recevoir un Oscar, et maintenant, avec cette queue de cheval, quelque part ça semble plausible.


Son attitude est si calme que je suspecte la personne de l'autre côté de la pièce qui interview Deepak Chopra d'avoir une conversation bien moins philosophique.

"J'ai appris il y a déjà un moment, en tant qu'artiste visuel, que le processus façonne le processus de la même façon qu'un tapis de course ne va jamais te préparer à courir un triathlon ou un marathon" Dit-il. "Il faut que tu sortes dans la rue, que tu vois les obstacles en vrai. Tu dois faire des erreurs car c'est grâce à elles que des choses merveilleuses arrivent. Tu peux t'asseoir et réfléchir à un plan d'attaque pour Rayon ou Thirty Seconds to Mars, mais tant que tu ne l'as pas fait et que tu ne t'es pas pris un mur tu n'apprends pas. Parfois tu ne commets aucune erreur. Parfois tu provoques un accident qui s'avère beau et merveilleux. Il y a ce moment dans le film ou je dis "Je ne veux pas mourir", et c'est de l'improvisation. J'ai juste dit ce que j'avais dans la tête et au fond du cœur. Mais c'est une chose que tu obtiens seulement en la faisant, et je crois profondément que c'est en agissant que l'on découvre la réalité des choses."


Sur ces paroles, c'est l'heure de partir, de s'en aller et de faire autre chose. Jared se lève, regarde de l'autre côté de la salle en direction de Chopra et demande, d'un air de conspiration, si nous devrions lui dire bonjour. Avant même que je ne puisse répondre, il fait non de la tête, se ravisant, et nous dit au revoir. Il sourit et dit "Mais ce n'est qu'un au revoir bien sûr."

Merci pour l'article et la traduction   

Les photos sont superbes !

merci pour le partage

merci pour la traduction !
les photos sont superbes

 merci pour l'article (et pour sa traduction très utile pour moi !!!)

Merci a toi !!

Merci pour l'article et pour la traduction ;)
Par contre je suis la seule à avoir tilté mais il est pas censé être vegan Jared? ça me laisse perplexe quant à la bonne foi du journaliste...    m'enfin il peut commencer à manger du poisson et de la viande s'il le veut, ça lui fera pas de mal hein

merci pour l'article
la 2ème tof est terrible  

Missmuse a écrit:

Merci pour l'article et pour la traduction ;)
Par contre je suis la seule à avoir tilté mais il est pas censé être vegan Jared? ça me laisse perplexe quant à la bonne foi du journaliste...    m'enfin il peut commencer à manger du poisson et de la viande s'il le veut, ça lui fera pas de mal hein

Quand tu es végétarien tu peux manger du poisson, des oeufs et des produits laitiers. Tu manges juste pas de viande.

Ce sont les végétaliens qui ne mangent aucun produit d'origine animale

Merci pour le partage! ça fait toujours plaisir de lire des articles comme ça.